Au
début du 12è siècle, deux petits villages occupent
les vallées, groupés autour de leur modeste
église : Saint-Pierre de Crantoul au nord, Saint-Jean
de Mordagne au sud. A l'ouest, à mi-hauteur
du piton rocheux, un petit groupe de maisons
occupe un terrain plat autour de leur église
Notre-Dame de la Vaysse. Qui aurait pu croire
alors, que là-haut, sur ce sommet aux versants
escarpés, difficile d'accés, une cité allait
se construire, transformant les falaises en
remparts ?
Sur
les domaines du comte de Toulouse une nouvelle
religion chrétienne avait trouvé un terrain
d'élection, s'était instituée et développée
dans un climat de tolérance : le catharisme.
Mais Rome la déclara hérétique et déclencha
en 1209 une croisade qui devint vite une guerre
de conquête. Par le fer et par le feu, les ruines
et les massacres, les barons du nord, les "Français",
accaparent les vastes domaines. En 1218, Simon
de Montfort, le "lion de la croisade", meurt
devant Toulouse que le comte vient de reprendre.
C'est le triomphe, suivi par la reconquête occitane.
Le nouveau comte Raymond VII décide d'édifier
au nord de ses états une nouvelle cité pour
deux raisons : pour défendre son domaine face
au nord d'où vient l'ennemi, en remplace-ment
de la forteresse de Saint-Marcel, incendiée
et rasée, et pour héberger une population rendue
éparse par la croisade et les exactions des
barons français. Ce sera Cordes, sur le sommet
du puech de Mordagne. La charte de fondation
date du 4 novembre 1222.
Cordes
se peupla rapidement. Attiré par les avantages
accordés par le comte, on vint de l'Albigeois
bien sûr, mais aussi du Rouergue, du Quercy,
s'installer dans la nouvelle cité, construire
sa maison, ouvrir son atelier. Deux ans après
la fondation, alors que les remparts sont loin
d'être achevés (il faudra sept ans), un atelier
de tissage fonctionne déjà, fréquenté par le
diacre cathare Sicard de Figueiras. Cordes va
constituer un des foyers majeurs du catharisme.
Elle subira les sévices de l'Inquisition, les
répressions de l'évèque d'Albi et participera
aux mouvements de révolte contre les méthodes
inquisitoriales. Elle ne fera sa soumission
qu'en 1321.
Malgré
tout, Cordes va connaître durant cette période,
une croissance exceptionnelle. La bastide primitive
déborde les premiers remparts, de nouvelles
lignes de fortifications sont nécessaires (cinq
au total). En trois générations elle devient
une véritable ville de plus de 5 000 habitants.
Elle doit sa prospérité aux industries des toiles,
des draps, du cuir, au commerce et à la finance.
Des marchands enrichis et quelques familles
nobles font édifier, entre 1280 et 1350, de
beaux hôtels aux façades gothiques qui font
aujourd'hui la renommée de Cordes.
En
1348, la peste noire se glisse sous les portes
de la ville. Elle emportera un quart de la population.
Sept ans plus tard, la guerre de Cent ans conduit
les Anglais jusque sur les hauteurs voisines.
Cordes se protège, renforce ses fortifications.
Elle connaîtra quelques troubles surtout dus
aux "routiers" et mercenaires qui guerroient
pour leur compte durant les trèves. A partir
de 1450, la cité retrouve une certaine aisance
et entreprend de grands travaux de reconstruction
et de réparations. Au commerce des draps et
des cuirs s'ajoute celui du pastel qui entraîne
de belles fortunes.
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