Historique de l'Aveyron
Au moment où, à la
suite des conquêtes de François 1er en Milanais, l'humanisme et la Renaissance
italiens partent eux-mêmes à la conquête de la France, en Rouergue,
deux clochers exceptionnels sont en pleine élévation. Saint-Michel de
Belmont, commencé en 1514, est achevé en 1524 : édifice totalement gothique
par sa structure, il n'insère que quelques infimes détails décoratifs
du nouveau style sur ses corniches supérieures. Le clocher de la cathédrale
Notre-Dame de Rodez, reconstruit par Antoine Salvanh (1510-1526) à la
demande de François d'Estaing, est également flamboyant mais intègre
de nombreux éléments du nouveau goût : corniches d'oves et d'acanthes...
Le style renaissant
triomphe lors de l'aménagement du grand choeur de la cathédrale dont
la clôture (aujourd'hui déplacée et dispersée) et l'entrée de la sacristie
du chapitre (1515-1531) intègrent iconographie et symbolique du quattrocento
italien avec médaillons à la romaine, grotesques, masques, vases...
C'est la même inspiration que l'on retrouve sur le retable de Boussac,
ou encore, dans un registre civil, sur les parements de la maison d'Armagnac
à Rodez.
L'évêque Georges d'Armagnac,
ambassadeur à Venise, sera aussi, à sa manière, ambassadeur de l'art
renaissant en Rouergue. Son lecteur, le chanoine Guillaume Philandrier
est un humaniste érudit, architecte, traducteur et commentateur de Vitruve.
On lui attribue la tribune de la cathédrale de Rodez ainsi que le fronton
de la façade occidentale. Georges d'Armagnac lui confie aussi la reconstruction
du château de Gages (1545-1562), résidence ordinaire des évêques aux
portes de Rodez. Sur place, il ne reste rien aujourd'hui que les contours
d'un plan en quadrilatère flanqué de tours carrées. Les épaves conservées
dans les musées sont de grand style. On attribue aussi à Georges d'Armagnac
les portails de l'église de Prades (1541) et du château des Bourines
(1547).
L'architecte Guillaume
Lissorgues, disciple de Philandrier, dessine, suivant l'ordonnan-cement
classique codifié par Vitruve, les admirables façades du château de
Bournazel l'aile nord est achevée en 1545 ; l'aile est, en retour, est
bâtie de 1550 à 1555. On attribue au même architecte la construction
du château de Graves. à Villefranche-de-Rouergue. Cet édifice en quadrilatère,
flanqué de tours rondes coiffées de dômes galbés à l'impériale, est
construit de 1543 à 1550. Il s'ordonne autour d'une cour en carré, comme
un "cortile" de quatre façades ornées de pilastres doriques ou ioniques.
Ces deux monuments
sont cités dans tous les ouvrages d'architecture comme les témoins de
ce "brillant foyer d'humanisme rouergat qui inspirera la seconde campagne
de travaux du château d'Assier, le château de Joinville et même le Louvre...
À compter de 1562, les guerres religieuses interrompent l'activité du
mécénat ecclésiastique (les clochers occidentaux de la cathédrale de
Rodez sont brutalement interrompus). Seront poursuivies, remaniées ou
reconstruites quelques oeuvres civiles : Le Triadou de Peyreleau, Tholet
de Gabriac (1564), Le Fayet et son admirable puits (1564), Espalion
(1572), Sanvensa (1575)...
A
voir également : la porte méridionale du château de Sévérac-le-Château,
bâtie au XVIIè siècle par le florentin Domenico Gargiulo. |
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